La page du livre scénique se tourne



Le dernier chant d’après Anton Tchekhov

 D’après : Le baron, Elle et lui, Le chant du cygne, Correspondance avec Olga

Ce décor blanc, situé au milieu de l’espace scénique fait penser à un livre ouvert duquel sortent les personnages.
Le climat de départ sera lyrique (vocalises en off et en intro ) et couple venu recueillir les applaudissements ; la cantatrice en longue robe rouge, lui en habit comme il était de rigueur en ce lieu de luxe et de fête. Cette scène se déroulait en une autre vie …

La page du livre scénique se tourne et nous découvrons un étrange personnage – seul – habillé d’une drôle de façon, qui se définit lui-même comme  » un petit vieux d’une quarantaine d’années  » (sic) Certains événements accélèrent le cours du temps, font brûler les étapes, pulvérisent l’horloge biologique.

Faute de mieux, l’homme est devenu souffleur …

Du temps de Tchekhov, il y en avait encore et sans doute ne concevait-on pas le théâtre sans cet emploi indispensable ?

Sort cruel quand on a rêvé d’être Hamlet, que bien entendu on trouve celui qui est sur scène épouvantable et que l’on est persuadé qu’on aurait fait mieux que lui. Un peu d’alcool et même beaucoup, pour supporter la situation et c’est la catastrophe.

La critique loge désormais dans le trou du souffleur et se révèle impitoyable!
Les personnages de cette pièce ( bien trop courte à notre gré ) vont alors se succéder, illustrant le métier de comédien ou celui encore plus cruel de comédienne ( surtout à l’époque ) mais toujours, existe ce décalage entre le rêve immense de gloire et le résultat si satisfaisant soit-il et il ne l’est pas toujours.

En fin de carrière, tout acteur a conservé la nostalgie de rôles pour lesquels il se croyait fait mais on n’a pas pensé à lui tout simplement et quand par chance il en a joué un, le souvenir du succès souvent exagéré, l’accompagne inlassablement.

Pour une comédienne c’est exactement la même chose, ne parlons pas de coquetterie en plus car tout tempérament d’artiste est féminin.

Précisément, une comédienne revient sur les lieux d’un théâtre aujourd’hui disparu prétexte à citer Tourgueniev :  » J’ai fait des rêves de gloire  » … Les pieds sur le plateau et le public en bas suspendu au moindre souffle, qui n’en a fait ?

Tchekhov connaissait très bien les artistes et personne ne pouvait les dépeindre mieux que lui.

Que vous ayez ou non connu ces rêves sublimes, vous ne pourrez qu’être transportés par le jeu de ces trois interprètes qui auront partagé en cette petite heure leurs émotions avec vous.

Quelque soit votre parcours c’est là une expérience intéressante qui vous attend.

Simone Alexandre 25 /04 /2017