Théâtre – Agenda
Théâtre de l’Epée de Bois / de Claudel et Camus / mes Emmanuel Ray
Jeanne d’Arc au bûcher et Caligula
Publié le 17 décembre 2014 – N° 228
Emmanuel Ray et la compagnie du Théâtre en Pièces montent en diptyque Caligula, de Camus, et Jeanne d’Arc au bûcher, de Claudel. Intensité et soif d’absolu de deux personnages en quête d’impossible.
Caligula par la compagnie du Théâtre en Pièces.
Déséquilibré par la mort de Drusilla, sa sœur et son amante, assoiffé d’un pouvoir sans limites, Caligula « est bien décidé à faire de son règne celui de l’impossible », dit Emmanuel Ray pour décrire ce soleil noir et cruel, prêt à tout perdre faute de savoir tout garder : « Ce monde tel qu’il est fait n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde », fait dire Camus à Caligula. Même désir d’absolu jusqu’au brasier final dans Jeanne au bûcher, mystère lyrique de Claudel et Honegger, où Jeanne, après avoir retrouvé, grâce à Frère Dominique, le sens de sa vie, sa vocation première et sa foi en Dieu et en l’amour, accède à la sainteté et au miracle de l’union mystique avec le divin.
Le tyran et la sainte
« Je veux rencontrer ces personnages en quête de l’impossible, la poursuite infinie de leurs rêves, le dépassement sans limite d’eux-mêmes », dit Emmanuel Ray, qui confie à deux jeunes comédiens les rôles du tyran et de la sainte. Mélanie Pichot pour une Jeanne « doutant, réalisant, comprenant, ayant peur mais qui décide », et Mathieu Genet pour incarner l’empereur allant au bout de sa logique mortifère. Autour d’eux, toute la troupe du Théâtre en Pièces, dont l’excellent Pierre-Yves Desmonceaux en Frère Dominique, et le talent musical de Tony Bruneau et François Cornu. Catherine Robert