Je m’appelle Don Quichotte



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Mythe éternel

Je m’appelle Don Quichotte est un spectacle qui marque ! Le point fort de cette pièce tient dans sa loufoquerie maîtrisée. Aucun cartésianisme n’en émane, mais elle est cependant logique. Au-delà d’une apparence désordonnée, les partenaires vivent tous, dans des états limite et hors du temps, un mythe, souvent par paires dépareillées…
Certains aspects sont ambigus, notamment les scènes dont on ignore si elles sont vues ou non par les comédiens qui ne sont pas éclairés. Mais peut-être la réalité factuelle des uns est-elle le songe éveillé des autres, dans cette ambiance de quête perpétuelle ?
Remarquons que Don Quichotte aime sans condition un être qu’il pense parfait mais qu’il n’a jamais vu, comme le croyant adore Dieu. Sa rencontre avec Dulcinée a donc été travaillée en ce sens, et dégage une forte intensité.L’atmosphère générale est amplifiée par les parties chantées ou les oeuvres jouées au piano d’Henri Dutilleux. Le jeu rend ces personnages déjantés crédibles dès le début.

Mais attention : cette pièce a été écrite aujourd’hui par Mathieu Genet, qui précise : j’ai trahi le roman, j’ai inventé des personnages, j’ai mélangé les époques, les lieux. J’ai renversé le mythe. Des trahisons comme celle-là, on aimerait en voir tous les jours !

Pierre FRANÇOIS

4 OCTOBRE 2011 N° 199 HEBDOMADAIRE