Oratorio dramatique d’après l’oeuvre de Paul Claudel



Jeanne d’Arc au bûcher

Crypte de l’Eglise Saint Sulpice (Paris)  septembre 2012

Oratorio dramatique d’après l’œuvre de Paul Claudel, mise en scène par Emmanuel Ray, avec Mélanie Pichot et Pierre Yves Desmonceaux accompagnés au piano par François Cornu. 

Ce spectacle, conçu d’après la « Jeanne d’Arc au bûcher » de Paul Claudel, sur la musique de Olivier Messiaen, est représenté dans la fabuleuse crypte de l’église Saint-Sulpice, sous ces tours qui inspirèrent Huysmans.

Le voyage, dans les dédales, sous les voûtes, participe déjà de l’aventure. Jeanne, sainte, vivante ou déjà morte, est questionnée par le frère Dominique. Qui était-elle ? D’où lui venait sa force ? Du Démon, comme le disaient ses accusateurs ou de Dieu ?

A la recherche de son enfance, de ses joies, de ses voix, de son appel, chacun questionne, par la voix de l’homme.

Emmanuel Ray,  le metteur en scène, se défendant de s’aventurer dans le religieux, le laisse s’emparer des mots et des visages. Claudel souffle sur ces braises. Ray jubile comme un enfant devant le feu. Et sa jubilation embrase le spectacle.

Un comédien remarquable, Pierre-Yves Desmonceaux, à la diction suprême, une Jeanne d’Arc qui désarçonnera, mais qui existe tant, Mélanie Pichot, danseuse sur corde, ombre suspendue, et le pianiste, Français Cornu, qui  jette sa musique comme un voile, et le son incroyable d’Antoine Mercier, qui invente l’enfer, ses rouages, ses séismes, tout est réuni pour sortir de soi-même.

Tous les arts sont convoqués, ensemble, comme une détonation. Mystique, désinvolte, exigeante, belle, cette Jeanne d’Arc au bûcher est une révélation. Cette soirée vive sous la terre ressemble à une initiation. On ne soupe pas après. La faim resterait.

A la surface de la ville, la vie continue, beaucoup moins inspirée.

Christian-Luc Morel               www.froggydelight.com