« Il se sait et se veut seul.
Il se veut roi.
Nulle autre identité ne lui suffira. »
Le Monstre qui est en nous
Est un moteur, une force, une zone libre.
Monstre ou monstruosité, inaccessible astre ou difformité,
Mirage…
Sans la possibilité d’accueillir le monstre, l’essentiel ne peut ressortir. Il n’y a pas le mal, le bien, la chose mal, la chose bien. Tout se confond : douleur, joie, effort, non effort, jouissance et non jouissance. Jusqu’où aimons-nous souffrir pour accéder au sommet.
L’obstacle, l’autre,
Peut-il devenir le monstre que nous voulons combattre afin d’accéder à notre propre sommet ? Cette montagne que nous désirons peut-elle se passer de l’image d’un monstre à combattre qui serait notre propre image ?
Le monstre défini ainsi comme nécessité à l’accession de notre propre désir ne peut être qu’en nous et non pas à l’extérieur de nous.
Nous avons besoin du combat pour être en mouvement et le combat oblige à retrousser les manches, à désirer l’effort, et donc à avoir mal.
J’ai le désir de mettre en scène Richard III. Je souhaite petit à petit oublier l’image que nous en a donnée Shakespeare. Il nous faut ressentir ce texte comme une œuvre visant à s’immiscer pleinement dans la pensée d’un homme ayant comme obsession non pas le pouvoir mais la légitimité à accéder à ce pouvoir.
Là est le nœud.
Devenir un monstre, devenir LE monstre, et sans doute, en associant le sacré, devenir ainsi monstre sacré.
Là est la légitimité.
Non pas seulement dans notre propre monstruosité à vouloir accéder au sommet mais en légitimant par le sacré notre monstruosité.
Emmanuel Ray, metteur en scène
Spectacle coproduit et coréalisé par le Théâtre de Chartres et le Théâtre de Saumur