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Note d’intention :
Après avoir monté Richard III de Carmelo Bene, Caligula d’Albert Camus, et m’être confronté à nouveau à la scène, avec Le Dernier Chant et Fratelli, il me semblait intéressant de revenir à un texte permettant d’aborder le théâtre pour jeune public. Cependant, confronté à mes obsessions quant à la notion même de relation à la paternité, à la transmission et à la quête de liberté et d’absolu, il m’était important de trouver la pièce qui pouvait faire écho au travail sur Richard III, Caligula, Don Quichotte, Electre, …
Pinocchio est un enfant naïf et cruel qui rêve d’une vie de prince. Un petit Don Quichotte, un petit Caligula.
Qui donc est-il, ce Pinocchio ? Certes, je le destine en premier lieu aux enfants mais sans doute au même titre que dans mes précédentes mises en scène, je rêve de bouleverser l’enfant qui demeure chez l’adulte. Pinocchio, un être effaré, naïf, ravi, donc plongé, dans un état profondément théâtral. Autour de Pinocchio, héros d’une fête musicale et douce, le paysage auquel nous pouvons songer tient plus des rêveries féériques du Grand Meaulnes que de l’Italie de Collodi. Ainsi la mise en scène jouera du contraste entre l’austérité sérieuse du réel et les prestiges de la fantasmagorie. Ce Pinocchio, je le veux de telle sorte que l’imagination enfantine se mesure à la dureté des grandes personnes et partira de la question de la paternité et de la pauvreté.
Peut-on s’acquitter d’une dette de vie ? Comment devient-on grand en restant libre ?
Est-ce que les enfants formulent ces questions ?
Nous avons lu et joué ce texte dans des jardins et des écoles durant la crise sanitaire. Aujourd’hui, nous voulons continuer ce travail et l’approfondir. Nous partirons du livre pour aller vers le jeu théâtral. Nous créerons une forme singulière. Un va et vient entre la lecture et le jeu. »
Emmanuel Ray